


Peu de vent en effet aujourd’hui, on doit négocier avec un petit 5 nœuds toujours dans le nez. Le quart de 3h du matin hier n’a pas été facile, je luttais contre le sommeil et n’avais même plus le courage d’étudier les étoiles. J’avais à peine le courage de regarder les très nombreuses étoiles filantes. Mais ce matin, réveil en fanfare, Mischief, notre adversaire direct est en vue sur le radar ! On essaye toutes nos voiles pour essayer de prendre un peu de vitesse mais on reviendra finalement sur notre foc initial. On le contacte par VHF : ils sont au moteur pour essayer d’aller attraper les alizés plus vite. On sent dans leur voix la fatigue car ils ont été par une route plus nord que nous qui s’est révélée éreintante par des grosses mers et du gros vent mais pas plus rapide apparemment.
On va s’inquiéter pour la première fois de nos stocks de nourriture qui s’amenuisent, dû aussi au fait qu’il faut jeter quelques trucs déjà pourris. On avait appris à une conférence que jeter moins de 10% des provisions était quasi impossible. L’après-midi sera paisible, chacun vaquant un peu à ses occupations. Un tout petit poisson volant va même atterrir sur le bateau, mon premier ! Cette nuit, apprentissage des étoiles, jeux d’échec,… Car on va passer la nuit à l’arrêt, sans voile ni moteur car nous n’avons plus assez de diesel ! Une première pour moi avec le reflet des étoiles dans la mer et un très faible clapot.
Mais ce matin les squalls ne sont toujours pas finies ! Je vais en avoir deux ou trois avec des montées du vent jusqu’à 27 nœuds. Mais ce qui est fou, c’est qu’entre ces squalls, le vent tombe à 8 nœuds, tourne beaucoup et la mer se calme. Donc ça donne envie de relancer toutes les voiles jusqu’au prochain. Fin de matinée, ça a l’air de se calmer et le vent faible permet à tout le monde de recharger un peu ses batteries. Vivement les alizés ! Le reste de la journée sera paisible, avec un petit vent sympa, des dauphins, des baleines,… Juste ce dont on avait besoin après la journee de hier. Steve est en pleine forme et fait même la vaiselle et un bon petit repas, probablement le seul qu’il sait faire mais on note l’effort !
Petite navigation de nuit calme en espérant que les squalls ne se réveilleront pas et demain, journée sans trop de vent normalemenf avant d’enfin toucher ces alizés !
Le vent n’est toujours pas au rendez-vous aujourd’hui ! Mais la journée fut bonne. Posée à faire mes occupations rituelles : apprendre un peu de bateau à Pierre, pêcher une nouvelle dorade, remanger l’ancienne à midi dans une délicieuse salade faite par Andrew, le chef du bateau.
La tension est déjà tombée mais on attend le vent avec impatience. Il devait arriver le soir mais non. Peut-être cette nuit. Duccio nous a préparé une lasagne façon la Gran Mama.
Un magnifique coucher du soleil terminera la journée en beauté.
Toujours le moteur aujourd’hui, et toute la journée malheureusement. On essayera les voiles, une fois ou l’autre, mais sans grand succès. J’ai la watch du matin (de 9h à 12h) et c’est la meilleure parce que tout le monde est actif le matin et que l’après-midi, je suis content d’avoir un peu de temps pour moi. On va avoir, durant toute la journée, des squalls, c’est-à-dire des petits grains, qui peuvent être très forts avec de la pluie.
On va en éviter pas mal (on sait les repérer au radar) mais on va quand même en prendre certains sur la tête qui nous permettront d’avoir une bonne douche d’eau claire dans une bonne ambiance.
L’après-midi, je vais faire mon espagnol dans ma cabine et une petite sieste et Pierre me réveille parce qu’ils sont en train de changer une drisse. Une nouvelle drisse installée avant le départ était trop fine et posait problème.
Petit hot dog pas sain à l’anglaise préparé par Pierre, à midi. En préparant le repas, Pierre me fait part de ses premières impressions de petites tensions dues au capitaine qui aime bien faire des remarques qui ne mettent pas nécessairement à l’aise et je suis d’accord avec lui. Mais on en discute et on sait que c’est inévitable et que c’est le genre de choses les plus difficiles que l’on va devoir gérer : rester à 6 sur un bateau 3 semaines. Mais l’ambiance est toujours bonne, surtout avec Duccio, et on finira cette journée un peu vide d’événements en mangeant une partie du poisson. On a hâte de mettre les voiles pour éviter aussi ce genre de tensions mais on va probablement devoir un peu attendre. En plus, le pilote automatique fait un peu des siennes, on est peut-être dans une zone magnétique bizarre de la terre (c’est en tout cas ce que me dit mon smartphone).
Première watch de nuit avec la lune pour la première fois, c’est sympa aussi, et quelques étoiles filantes. Seconde partie de nuit : de 3 à 6h, pas la plus facile ! Et pour faire passer le temps, on s’apprend mutuellement le français et l’espagnol avec Duccio.
Il faut savoir que ma réputation de petit mangeur a changé ! Depuis que j’ai arrêté mon trek, je mange vite et comme un ogre… Peut-être que mon corps a besoin de compenser ce qu’il a perdu.
Pierre croise une dernière fois, Elise, la future femme de sa vie. Mais partir de Las Palmas n’est pas chose aisée. Il y a deux cents bateaux qui veulent partir en même temps. On attend donc sagement en applaudissant les voiliers qui passent et qu’on connaît.
En particulier Ah Noi, un bateau italien, dont l’équipage, qui ne va jamais dormir avant 4h du matin, ne sait pas parler anglais et dont les seuls contacts qu’on a avec eux sont des grands cris « Ah Noi » quand ils passent.