Transatlantique J1

Grand jour du départ ! La veille on s’était fait, les trois jeunes, des grosses réserves de Snacks (lion, bounty, dinosorus, kinder,…) au cas où on allait crever de faim ! Et on s’était fait un petit goûter à la boulangerie. J’avais pas lésiné sur trois viennoiseries, un chocolat fondu et un café.

Il faut savoir que ma réputation de petit mangeur a changé ! Depuis que j’ai arrêté mon trek, je mange vite et comme un ogre… Peut-être que mon corps a besoin de compenser ce qu’il a perdu.

Bref, rasés de presque près, on remplit une dernière fois notre réservoir d’eau, lave les derniers trucs et on est prêts à partir.

Pierre croise une dernière fois, Elise, la future femme de sa vie. Mais partir de Las Palmas n’est pas chose aisée. Il y a deux cents bateaux qui veulent partir en même temps. On attend donc sagement en applaudissant les voiliers qui passent et qu’on connaît.

En particulier Ah Noi, un bateau italien, dont l’équipage, qui ne va jamais dormir avant 4h du matin, ne sait pas parler anglais et dont les seuls contacts qu’on a avec eux sont des grands cris « Ah Noi » quand ils passent.

On finit par partir du port, on se fait applaudir par une foule à la Vendée Globe et on s’élance dans le petit temps vers la ligne de départ, qu’on a probablement coupée trop tôt car on n’avait pas trouvé le bateau-comité qui faisait la ligne avec un gros bateau militaire. On avance une petite heure avant que la plupart de la flotte lance ses genakers et autres voiles d’avant. C’est impressionnant de voir autant de bateaux partir pour si longtemps et qui se challengent un peu tous. On arrive alors dans une zone d’accélération des vents due à la présence des îles et on décide de lancer notre Blue Water Runner, une voile d’avant qui ressemble à deux grands génois à l’avant du bateau et qui permet de ne pas mettre sa grand voile.
On a une bonne vitesse et cette voile permet d’aller plein vent arrière et donc dans un meilleur cap que les autres. Tout va bien jusque quand la nuit arrive. J’avais la chance de faire le premier quart, mais le vent avait sérieusement augmenté et on se retrouvait avec un vent de 20 nœuds forcissant à 25. Je me sentais en régate, avec une moyenne d’un bon 10 nœuds et des surfs jusqu’à 13 nœuds. Mais ce n’était pas facile à tenir avec une mer formée et pas mal d’objets volant dans tout le bateau. Jusqu’à ce qu’une vague me pousse au tas, sans que je puisse rien faire. J’arrive tant bien que mal à rétablir le bateau. Pierre, qui dormait dans le carré, se fait éjecter de son fauteuil et Steve décide alors de suite d’affaler la voile. J’avoue que j’étais un peu tremblant… En régate ok mais ici, en croisière, dès le premier jour, ça promet ! Il faut savoir que c’était la première fois qu’ils l’utilisaient, et affaler la voile dans ces conditions fut assez épique, à trois devant, dont deux plutôt corpulents qui tiraient de tout leur poids pour faire descendre la voile qui ne s’était pas complètement enroulée comme elle le devait. Finalement, on réussit à l’affaler et on terminera la nuit sous un foc seul mais à du 7 nœuds tout de même et dans une mer agitée, donc personne ne dormira très bien. Pierre sera même fort malade, première nuit en mer agitée, inévitable. On verra aussi la terre pour une dernière fois avant longtemps et je reconnais même, avec nostalgie, quelques montagnes que j’ai traversées.
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