Brésil : Deuxième partie

Je monte dans un bus de nuit direction Manaus. Heureusement que je regarde un peu les gens autour de moi et que je m’arme de mon sac de couchage, les bus ici c’est plus des frigos qu’autre chose. Dans mon sac de couchage, fauteuil de luxe, la nuit fut bonne.

J’arrive le matin, frais, à Manaus, une grande ville, et je vais flâner un peu dans les rues.

C’est une ville avec un port important sur l’Amazone et c’est assez joli de voir tous ces bateaux colorés qui, soit ont plein de hamacs pour transporter des gens, soit transportent des marchandises avec un moteur qu’ils peuvent remonter pour éviter les nombreux troncs d’arbre.

Là-bas, je dors une nuit et je rencontre deux Français qui reviennent de la jungle et je me rends compte que notre tour en Guyane était assez exceptionnel. Je passerai aussi une partie de l’après-midi à parler avec un ancien guide, sur la place de l’opéra, qui m’en apprendra un peu plus sur la situation de la ville et du Brésil.

Le lendemain matin, à 5h, départ vers Leticia, la triple frontière entre le Brésil, la Colombie et le Peru. J’ai opté pour un bateau rapide sur l’Amazone (36h) à la place du bateau lent qui prend 7 jours mais qui représente la vraie façon locale de voyager. Pour moi, après avoir vécu un mois sur un bateau, c’était suffisant.

Il fait assez moche, le bateau est super bruyant et je me retrouve coincé entre une banquette dure et la machine à eau : je n’ai pas été assez rapide à l’embarquement !

Les paysages sont sympas mais sans plus à cause de la pluie probablement. Mais c’est fou comme le bateau arrive à avancer sans casse parce que l’Amazone est vraiment jonchée de troncs d’arbre et de résidus, vachement grands, tout du long.

Je ne fais pas connaissance avec grand monde, c’est vraiment trop bruyant et le portugais n’aide pas. J’arrive quand même à sympathiser avec une Brésilienne, qui habite Baratinga, la ville du Brésil où on arrive, à côté de Leticia.

La nuit tombe, et je vais rester sur le pont : il fait plus chaud (pas d’air co à fond) et il y a plus de place pour se coucher.

On a du café gratuit, la nourriture est vraiment bonne et le bateau est super propre, c’est vraiment un bateau de luxe ! Mais uniquement rempli de locaux, malgré tout.

Et on se prend quand même quelques gros troncs (vraiment gros !) qui nous donnent toujours quelques frayeurs mais, au final, on repart à chaque fois ! On aura aussi droit à quelques stops dans des petites villes perdues d’Amazonie.

Les gens du bateau travaillent dur mais ils sont heureux, l’ambiance brésilienne est quand même bien chaleureuse.

On arrive enfin à Baratinga, la Brésilienne m’amène (avec sa famille) à la frontière colombienne, qu’on peut passer comme on veut et je vais m’écrouler dans un hostel familial sans grand monde. Première nuit en Colombie !

Le lendemain, la première chose que je fais, c’est l’immigration, pour être légal en Colombie. Petite marche jusqu’au Brésil, d’abord, et c’est marrant parce que dès qu’on traverse la frontière, tout change, la musique, la langue, la nourriture,… Quand c’est juste une autre rue !

J’arrive sans soucis à avoir mon cachet de sortie et je flâne une dernière fois au Brésil.

Puis l’immigration colombienne, qui est sur un bateau dans le port (ça ne fait pas très officiel), et je suis légal ! J’irai ensuite flâner dans un parc qui accueille des centaines de perroquets pour la nuit.

Je passerai enfin ma dernière soirée en Brésil / Colombie avec un couple de Français vachement sympas qui tournent un documentaire sur la déforestation. Je prends l’avion le lendemain matin, direction Santa Marta sur la côte Caraïbe de Colombie. Leticia n’est pas une ville qui vaut la peine (très moche), sauf si l’objectif est d’aller plus loin dans la jungle.

Brésil : Première partie

Le Brésil sera pour moi un pays de passage pour arriver en Colombie. J’ai eu ma dose de jungle pour le moment et j’ai un peu envie de voir autre chose (je suis dans le nord du Brésil, dans l’Amazonie).

Première déception à notre arrivée au Brésil, c’est de voir que notre bus arrive le surlendemain ; on se réconforte donc par un bon petit plat local. On découvre une sorte de taboule très dur, qu’on mélange avec le riz et qui donne un effet crunchy.

On est à Uiramuta, une petite ville du Brésil, où on profite de tous les conforts citadins, c’est-à-dire : de l’électricité, une douche, de la nourriture, du wifi et quelques bières. La fête de la ville se déroule le we qui arrive, donc tout est complet et on se retrouve dans un bon taudis n°3, sans fenêtre et avec une machine qui diffuse une fois par jour un produit ultra puissant pour tuer tous les moustiques. Mais on est bien, on peut se reposer un peu !

On manquera malheureusement la vraie fête mais on aura quand même droit à un petit aperçu. On rencontrera aussi un policier-militaire en civil qui va vite comprendre qu’on a traversé illégalement la frontière et qui nous prendra sous son aile, si jamais on a un souci.

On verra aussi de près, pour la première fois, les vautours qu’on apercevait voler au loin. Ça fait un peu ambiance Lucky Lucke.

Il est donc temps maintenant de prendre notre fameux bus de 8-10h. On reste en Amazonie, les routes sont toujours bien scabreuses et le trajet (surtout au début), pas des plus agréables !

On arrive à Boa Vista, la capitale de l’Amazonie, qui s’avère être une ville assez moche, sans grand chose à faire, où on va se faire un airbnb bien agréable pendant 4 jours. On redécouvre ce que c’est d’avoir une douche chaude, un bon lit, une vraie cuisine pour cuisiner, des repas un peu européens,…

On ne fera pas grand chose, à part prendre un peu de temps pour nous et c’est aussi l’occasion de ranger. On ne profitera absolument pas de la ville sauf juste un soir pour une grosse fête. On est accueillis par un gars un peu bizarre mais super sympa et on arrive à se faire comprendre en espagnol. On fêtera l’anniversaire de Pierre avec un bon repas et je lui ferai même une mousse … que je raterai !

Par ailleurs, comme on est rentrés illégalement, on va voir la police de l’immigration pour essayer d’arranger ça. On aura affaire à une gentille dame qui nous dira que si on veut être légaux, on doit retourner à la frontière légale, sinon elle peut nous donner le statut de « clandestin légal » et ce pour 60 jours au Brésil. Elle ajoutera que ce statut ne pose aucun problème ! On optera donc bien sûr pour cette deuxième solution.

Après cette petite halte ressourçante, il est temps pour Pierre et moi de se séparer ! Pierre va continuer vers le Pérou, moi vers la Colombie ! Très chouette voyage ensemble, assez complémentaires, on s’est apporté pas mal de choses l’un à l’autre et on a vécu un début de voyage incroyable ! Une nouvelle page se tourne !

Guyana : Le jour le plus long

Nous voilà donc partis pour notre jour le plus long en Guyane ! Ce jour en plus nous a mis le moral en patate et notre corps était programmé pour un repos mérité.

On va longer la rivière, dans de beaux paysages mais dans une végétation qui reprend un peu et qui agresse bien les jambes (en sang). Je vais avoir tendance à un peu accélérer le rythme et la journée a déjà été longue !

Et là vient un premier moment de faiblesse, il y a un petit muret de deux mètres à passer et Pierre le passe bien consciencieusement et moi un peu trop vite et paf, mon pied reste coincé et c’est parti pour un vol plané que j’arrive heureusement (avec mes réflexes d’antan) à amortir avec mon sac. Plus de peur que de mal mais un bon avertissement sur la fatigue.

On continuera avec Pierre donnant le rythme et arrivés à une rivière qu’on doit traverser, je joue la prudence et n’essaye pas de la passer sur un arbre alors que Pierre se croyant plus en forme essaye et plouf dans l’eau avec son sac !

Là, on a compris, le soleil se couche, il est temps d’aller dormir, on a perdu. Pierre passera une bonne partie de la soirée à rallumer le feu et à faire sécher ses habits (heureusement nos sacs sont bons, presque rien n’était mouillé).

Le lendemain, on est repartis, promis c’est le dernier jour en Guyana. On marche mais toujours avec difficulté.

On croisera un cavalier qui nous indiquera un peu la route et on passera un dernier moment chouette avec des Indiens dans leur maison avec une énorme casserole de Cassava et ils nous offriront des bananes.

On est proches du but mais on rencontre un tas de monde sur la route qui veulent à chaque fois parler et nous, on veut avancer ! La dernière demi-heure, on compte les minutes, on met de la musique, ça n’avance plus.

Puis, au milieu de la rivière apparaît une espèce de radeau tiré par une corde : ceci ressemble bien à un passage clandestin de frontière !

Une petite négociation mais accélérée par le nombre de mouches et on entre au Brésil, en toute illégalité mais on n’a pas le choix !

Accueil chaleureux par les Indiens mais on ne comprend plus rien : c’est les mêmes mais parlant en portugais ! Dernière heure de marche pour arriver à Uiramuta, d’où on pourra prendre un bus le surlendemain pour Boa Vista.

Guyana : Trek de Chenapou à Oruinduik

On va donc partir pour notre premier marathon dans la jungle ! Par chance, le Tucho du village vient nous voir pour nous dire qu’il y a deux personnes qui font le même début de chemin que nous. Apparement cette première partie est plus compliquée et il y a des risques de se perdre.

Par contre, ce sont des vrais Indiens et malgré le fait qu’ils mettent la musique à fond sur un baffle portable, ils marchent vite et ne se préoccupent pas trop de nous ! Je mènerai un peu la danse au début et probablement trop vite parce que peu de temps après, Pierre et moi sommes HS et le chemin commence à être vallonné !

Pour couronner le tout, on doit passer de nombreuses rivières sur des troncs d’arbres super glissants, parfois à 2-3m de haut, et avec le sac, l’équilibre n’est pas évident ! Je devrai même m’y prendre par deux fois pour un !

On fera quand même une pause de midi mais surprise, c’est du pain au Cassava avec du cornbeef ! Autant dire que je prendrai une bouchée puis je donnerai le reste aux poissons !

Enfin, on arrive au point de rendez-vous avec les Brésiliens qui apportent du whisky et du bœuf pour le village. Libération, on est vivants et on ne s’est pas perdus ! Parce qu’il nous arrivait d’être tout seul (je ne voyais même plus Pierre) au milieu de la jungle à devoir choisir un chemin au feeling… Et certaines montées étaient bien abruptes et boueuses et je pouvais parfois admirer Pierre tirant tous les arbres qu’il pouvait pour essayer d’alléger ses jambes !

On continuera à marcher seuls et à notre aise sur un chemin plus évident jusqu’à une rivière et un campement de fortune où on établira nos tentes. On verra sur le chemin des fourmis qui peuvent apparemment être mortelles et une petite tarantule.

On mangera vite fait un bon riz avant de s’écrouler !

Le lendemain c’est reparti jusqu’à Pice ! Le chemin est plus évident mais toujours bien vallonné et ça nous prendra encore la journée.

Pice est sur les hauteurs et ça nous permet d’ouvrir un peu la vue sur le dessus de la jungle !

Pice est plus aéré que Chenapou et est un peu plus civilisé. On aura la chance de pouvoir loger chez la maman de Lincoln, le guide qu’on avait rencontré à Kaieteur. Elle nous accueillera comme des rois et nous offrira tout ce dont on a besoin.

Le soir, j’irai faire un tour dans le village et je me ferai attaquer par quatre chiens mais heureusement pour mes mollets une bonne âme viendra à mon secours !

Le lendemain, on prend un peu notre temps, Dorothée, notre hôte, nous fera même un bon picnic !

On passera d’abord par des fermes amérindiennes, qui consistent en fait à brûler une partie de la forêt pour la cultiver.

On arrivera ensuite dans la savane ! Ça change enfin de nos arbres mais, par contre, niveau soleil, ça tape !

Juste avant d’arriver à Kato, on aura droit à une nouvelle montée bien bien rude et on mangera ensuite notre picnic dans une famille qu’on avait dépassée sur le chemin.

Puis c’est reparti, direction la savane pour aller mettre notre tente. On est contents de changer de décors !

On suit une route sans trop savoir si elle va vraiment nous mener au bon endroit ! Et on s’improvise même un petit raccourci maintenant qu’on voit plus où moins où on va.

On va se trouver un petit endroit posé pour mettre nos tentes mais on va faire une nouvelle connaissance dans la savane. Depuis le début de la Guyana, on prend de la malarone parce qu’apparemment c’est le pire endroit pour la malaria en Amérique du Sud. Par contre, on n’a vu que très peu de moustiques (et tant mieux !). Par contre, ici dans la savane, vers 17h et jusqu’au coucher de soleil, des centaines de petites mouches viennent nous agresser et un peu nous piquer. On fait donc un feu au plus vite et on sort l’artillerie lourde.

On avance mais on est toujours bien au milieu de nulle part ! Et niveau infos, on essaye de les recouper un maximum mais souvent on a une info et son contraire ! On repart le lendemain pour le même tralala et on passe cette fois-ci par Kurukubaru, dernier village avant Orinduik. C’est le village qui a clairement l’air le moins civilisé. C’est aussi le village le plus élevé de la région. Là, un mec nous indique le chemin puis nous court après parce que son Tucho lui a demandé de faire notre guide (c’est un peu une coutume) mais on le remballe parce qu’on est chaud un peu se poser pour le midi.

On se posera dans une petite jungle et j’arriverai à me perdre à 20m de Pierre,…

On arrive alors à un petit village intermédiaire qu’on nous avait indiqué (on a toujours pris à droite alors qu’ils nous avaient dit de toujours prendre à gauche).

Et là, on se retrouve devant une grande rivière et rien pour la traverser à part une mini pirogue. On va alors demander aux Indiens du coin qui me répondent qu’il suffit de traverser ! En rajoutant un « tu as peur ? ». Ni une, ni deux, on se déshabille et on traverse en s’aidant des canoë pour nos sacs (sinon je ne sais pas trop comment on aurait fait !).

On campera juste après dans un chouette endroit où on profitera un peu de la soirée.

Dernier jour ! A nous la cascade d’Orinduik et le Brésil ! On part motivés !

On a de belles vues sur la savane et les montagnes du Brésil avec comme frontière le fleuve Rio Mao !

Excités, on arrive à Orinduik, qui se compose d’un poste de police et d’une autre famille.

Et là, grosse déception, les policiers, qui nous prennent pour des fous (comme d’habitude), nous annoncent que pour passer la frontière, il faut traverser la rivière à une journée de marche. Voilà, il en fallait bien une : premier problème organisationnel. Il faut savoir que ce trek, de Kaieteur à Orinduik, très peu de gens le font (même les Indiens) et le voyage de Mahdia jusque-là, on doit limite être les seuls !

Mais avant de repartir, on a quand même la récompense de la cascade, qui visuellement n’est pas super impressionnante mais on peut aller s’y baigner, l’escalader, se faire masser par les jets,…

Guyana : Chenapou

Après cet arrêt ressourçant à Kaieteur, il est temps de se lancer dans une nouvelle aventure et direction donc Chenapou, un village amérindien très isolé (10h de marche à l’indienne jusqu’au village suivant).

On va y aller avec nos nouveaux amis et Paul et son fameux backpack façon indienne ! On aura une petite marche jusqu’à Menzie Landing (tout petit village minier) d’où on prendra un bateau de 2h (7000).

On aura la chance de voir des singes, des martins pêcheurs, des cormorans et de gros rapaces sur le trajet.

On va ensuite arriver au village, où on se fera accueillir par le Tucho (chef) et des membres du conseil. On sera directement plongés dans le vif par une dégustation avec les villageois de leur boisson locale : le cassava (aussi appelé Curi, Cassari,… !). Elle est faite à base de Cassava, leur légume? local et tout le monde en boit tout le temps. Ils font aussi du pain à base de cette plante.

On commencera déjà à parler à tout le monde, à exposer un peu notre avis sur leur communauté. Une grosse bataille qu’a ce village est que la Guyane a créé une réserve naturelle autour de Kaieteur et ils ne sont donc plus autorisés à aller miner dans cette région, ce qui est leur seule source de revenus. On participera dans cette veine à un meeting des consuls du village. On y exposera pourquoi on est là et ce que l’on pense.

Sinon, ils vivent en famille, dans des maisons très simples, avec parfois un peu d’électricité par générateur ou rarement par panneaux solaire. Ils ont aussi une vie en communauté : ils aident tous au travail à la ferme, ils aident à créer de nouvelles maisons, pour l’école,… Ils chassent, pêchent, font leur ferme (principalement Cassava) et travaillent un peu dans des mines de petite échelle. Il y a aussi un bar qui vend quelques produits importés et a une télé qui passe un film tous les soirs, une école primaire, un centre de soins (mais sans docteur) et une piste d’atterrissage. En ayant un peu parlé avec Ravinder et Paul, on (Pierre et moi) décide de proposer notre aide dans l’école primaire. Ils sont 100% partants et nous proposent des cours de math. On réalise vite qu’on ne sait pas en donner pour des enfants de primaire.

Avec mon petit esprit transition énergétique, on décide alors de leur faire un cours sur notre voyage, avec un petit côté géographie au début (Europe, Caraïbes, Atlantique,…) et puis de divaguer dans le changement climatique en prenant notre voyage comme exemple. Ça donnera les déchets en plastique sur les plages de Sainte Lucie, la déforestation des mines, le bateau pour éviter l’avion,… Très chouette et les enfants avaient l’air réceptifs : le fait qu’on soit blancs les attire directement.

Aux recrées on se fait bien sauter dessus comme il faut mais on s’amuse bien. On va finir la journée par une réponse aux questions des enfants en math mais le temps de comprendre leur méthode, bah ils étaient tous partis 🙂 Le soir, un peu épuisés, on fera un tour du village, où chaque maison nous proposera leur Cassava et on discutera un peu avec tout le monde comme ça. On finira par trouver une maison avec un peu de musique et ce sera une famille avec trois sœurs qui nous offrent un poisson fumé.

Après avoir pris un peu de temps à casser la glace, on sympathise et on arrive à se faire inviter à aller pêcher et faire du canoë le lendemain avec elles.

Mais juste avant la pêche du lendemain, on se fera offrir, comme de coutume, une bonne tasse de Cassava qu’on se forcera à boire. Autant dire que 30 minutes après, en train de gentiment pêcher, le mal m’envahit et l’envie de vomir est grande, mais au final j’arrive à passer au-dessus. Pierre n’est pas au top non plus. Mais on passera une chouette journée à pêcher un mini poisson, à aller chercher des baies en canoë et à se laver dans la rivière en fin de journée. On aura aussi des chouettes conversations avec des plus jeunes, qui malgré qu’ils sont encore bien indiens, se modernisent et rêvent de voyager.

Au retour, on repasse par tous les hommes qui avaient été travailler à la ferme (et nous l’avaient proposé mais on avait préféré le chill) et on discute une dernière fois avec eux, toujours un peu sur les mêmes sujets de comment est l’Europe, comment ils devraient réagir. On les alerte aussi sur la montée rapide de la technologie chez eux et toujours sur l’importance de préserver leur environnement (c’est bête, mais il y a plein de déchets dans le village par exemple). Puis on rentre à notre guesthouse et là je m’écroule, j’ai 38.5 de fièvre et je dormirai jusqu’au lendemain : j’ai été vaincu par ce fichu cassava ! Mais il faut que je me remette vite parce que gros trek le lendemain !

Guyana : Mahdia-Kaieteur-Falls

Mahdia est la dernière ville que l’on va croiser avant un bon petit bout de temps… On compte rejoindre Kaieteur, puis la frontière brésilienne (Orinduik) en passant à travers la jungle, la savane et en s’arrêtant dans les villages amérindiens sur le trajet.

On va donc commencer par s’acheter de la nourriture pour 14 jours. Notre régime se composera de riz agrémenté de sauces locales et de protéines végétariennes, quelques aikis, beaucoup de barres de céréales et des fruits secs. On n’a clairement pas de quoi tenir tout le long mais de quoi ne pas mourir de faim. On mange aussi le maximum de fruits en prévision. On va encore une fois se renseigner à gauche à droite avant de partir vers Pamela Landing, notre première destination.

Ce sera une petite balade de 2h30 à travers la jungle et on entendra le bruit d’un animal sauvage se rapprochant de nous. On ne le verra malheureusement pas mais on prendra la peine de s’armer d’un bout de bois. On est contents de s’enfoncer dans la nature et de commencer une nouvelle partie de notre voyage.

Pamela Landing est un petit village de maximum une dizaine de maisons mais on en trouve une avec une ambiance sympathique. Et assez vite, quelqu’un nous propose un lift sur le champ vers Amatuk puisqu’il doit y emmener des victuailles. On négocie vite fait pour 3000 et nous voilà embarquant dans une barque prenant l’eau, la nuit tombante.

Le voyage change des autres bateaux parce qu’on a enfin un bateau qui avance à une vitesse normale où on peut profiter pleinement des paysages et la tombée de la nuit sur la rivière donne de magnifiques lumières.

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Le Rasta Man qui nous emmène nous propose même une nuit chez lui avec thé et film, le rêve.

On aura même droit à un souper local à base de poissons après s’être lavés dans la rivière. Il s’appelle Terry et ce sera une belle rencontre. C’est un vrai Rasta Man, qui suit la religion Rasta Farra. Il va nous aider pendant les deux nuits qu’on va passer chez lui à nous trouver un bateau pour aller à Tukeit, l’endroit de départ du trek de Kaieteur.

Amatuk est sur la rivière Potaro et a une cascade qui ne permet pas aux bateaux d’aller plus loin sauf si on les porte, ce qui rend la recherche de bateaux bon marché plus difficile. Je profiterai de cette journée pour explorer un peu les environs.

Le bateau est trouvé pour le lendemain matin pour 15000, ce qui n’est pas négligeable mais c’est le prix. Terry décide de nous accompagner pour être sûr que tout se passe bien et probablement pour voir un peu de pays aussi. Mais avant ça, on aura droit à une petite soirée Reggae, avec des l’enssent pour nous mettre dans l’ambiance.

Le lendemain matin, départ tôt, tout ça pour attendre nos deux chauffeurs qui s’avéreront pas très sympathiques. Mais on a droit à un sympathique tour en bateau, toujours à travers la jungle avec le passage d’une cascade en prime.

On arrive alors à Tukeit, juste une guesthouse (on ne saura jamais à quoi s’attendre quand onaura un nom de village en Guyane), qui est le commencement du trek qui monte dans la jungle vers Kaieteur.

On y va bien molo à essayer de spotter le moindre animal et on s’en sortira avec quelques oiseaux sympas et des perroquets. Le trek monte mais est clairement faisable, tout ça au milieu de la jungle.

On va atteindre notre objectif deux heures trente plus tard et il ne nous décevra pas ! Une énorme cascade, déversant toute son énergie au fin fond de la vallée !

On ira, forcés, dire bonjour aux guides mais qui ne nous poseront aucun problème du fait qu’on soit là sans guide (comme on s’y attendait). Au contraire, un des guides, Lincoln, nous prendra sous son aile et nous fera une petite visite gratuite ! Sa petite visiteconsistera à aller spotter le perroquet Rock on the cock et les goldens frogs avec en prime une petite explication sur les plantes utilisées par les Amérindiens.

Liane remplie d’eau

Plante à tout faire

Pq local.

Trouvez la grenouille

Sinon le plus exceptionnel à Kaieter, c’est qu’il y a deux trois avions avec des touristes durant la journée mais sinon il n’y a personne ! On a donc la cascade pour nous, on ira nager au dessus et il n’y a aucune restriction ni infrastructure autour d’elle.

Sinon on passera deux nuits à la guesthouse, tout seuls la première nuit et avec deux profs d’unif de San Francisco et leur guide la deuxième.

C’est le grand luxe pour nous, on a une maison pour nous avec une cuisine (on raflera tout ce que les précédents ont laissé comme nourriture), un lit, de l’eau, de l’électricité, du café et surtout on ne dépend de personne, on est chez nous et ça, ça fait longtemps ! J’irai me prendre un petit café à l’aurore sur la cascade et je verrai quelques chouettes animaux (singe, cock of the rock, colibri, sorte de toucan,…).

Ce qui est chouette aussi de rester un peu de temps là est qu’on a pu voir la cascade sous tous ses angles et lumières. Les pauvres qui arrivent en avion quand il fait moche, bah tant pis ! On aura aussi droit à une montée des eaux due à de fortes pluies pendant la nuit.

Bon, je crois qu’il y a assez de photos de cascade mais promis quand on est là-bas, on ne s’en lasse pas ! Donc vidéo maintenant 🙂

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Le deuxième soir, on aura donc les Américains qui vont arriver dans notre petit havre de paix ! Ravinder est chercheur biologiste et étudie l’influence des mines et de la propagation de la malaria sur les oiseaux et l’autre fait des recherches sur la très mauvaise cartographie de la Guyane. Paul, le guide, sera aussi très chouette et très ouvert. Ce sera une chouette rencontre avec des conversations intéressantes, surtout avec Ravinder et Paul. Ravinder est un explorateur hippie vegan, n’ayant pas d’enfants et qui arpente le monde à la recherche de ses oiseaux. Et il voit, durant ses périples, comment on détruit notre terre et que le problème principal, selon lui, est la surpopulation. Soit, on va passer la soirée avec eux, on va aller admirer les centaines d’oiseaux plongeant dans la cascade pour aller dormir et on va profiter du fait qu’ils ont un bateau pour aller à Chenapou le lendemain (notre prochaine destination).

Guyana : trajet Bartica-Mahdia

On veut donc rejoindre Mahdia, qui est la ville d’où commence le trek pour Kaiteur-Falls. Et la route normale est depuis Georgetown mais on avait lu que c’était possible par Bartica. En s’informant un peu partout, toujours avec des gens super sympas et qui nous aident, on va vite se rendre compte que la route n’est pas si évidente puisque l’activité minière a diminué et que l’état de la route est trop mauvais. Mais on part quand même, avec une route alternative passant par Sherima, Rockstone, 58 miles puis Mahdia. On commencera par marcher un peu (après m’être acheté une nouvelle veste de compet). Mais on sera vite pris par un truck qui nous emmènera à une intersection un peu plus loin. Pierre y oubliera sa casquette, chacun son tour. On va directement voir que c’est une route beaucoup moins fréquentée et on va donc marcher. Sur la route, on rencontrera le caporal Fraiser, transportant un prisonnier sur son quad. Il nous dira qu’on peut passer la nuit au poste de police quelques kilomètres plus loin et qu’ils nous trouveront un truck le lendemain. Ce sera confirmé par le chef de la police de la région qui nous dira la même chose un peu après. En passant, on prendra sa carte et il nous dira de l’utiliser au moindre problème. Sur le chemin, on croisera aussi des jolis villages amérindiens et on spottera quelques traces, dont un jaguar. A la police, c’est royal, on pourrait même l’appeler hôtel de police. Le policier de garde nous donne une chambre, on prend une douche, on mange et on fait connaissance avec tous les gens de là-bas, qui aiment qu’on leur montre des photos de Belgique, ce qui n’est pas si évident à montrer ! Le lendemain matin, on attend un peu et on va finir par trouver une jeep qui se remplira de personnes au fur et à mesure du voyage. Elle nous amènera à la jonction Linden-Mahdia où on va être coincés 4h avec un Rasta Man matheux assez marrant, qui nous fera faire des maths dans le sable et qui s’amusera à redémontrer les maths selon ses petites règles ! On va finir par être pris dans la benne par deux jeunes assez sympas, nous passant le rhum par la fenêtre, qui vont nous emmener à 58 miles, une intersection encore à une petite centaine de kilomètres de Mahdia. Ce sont deux jeunes un peu plus riches et c’est intéressant d’avoir leur point de vue sur le pays. On dormira dans nos hamacs dans un benab, une sorte d’abri, avec d’autres camionneurs. Le lendemain, on sera pris par un chouette gars, un peu polyvalent et artiste, qui nous emmènera presque jusqu’à destination. Les paysages changent un peu, on arrive dans les montagnes, même si elles sont toujours en mode jungle. Enfin, un dernier ride en 4×4 à la vitesse de l’éclair nous emmènera jusqu’à Mahdia, d’où on commencera vraiment le trek. Ce sera donc une longue route mais avec des rencontres toujours sympas !

Guyana : trajet Kurupung-Bartica

Il est donc temps de quitter Kurupung pour de nouvelles aventures. Wayne, le Rasta Man qui nous avait repérés, nous ramène à Olive Creek et on découvre qu’il fait de la musique et Pierre propose d’essayer de l’aider un peu là dedans. Il nous dépose à un petit village à coté d’Olive Creek où une dame nous offrira à manger : les Guyanais sont vraiment super généreux. De là on va prendre le jet boat jusque Bartica (18000), histoire de pas refaire le chemin en truck pendant deux jours. Et dans le bateau, on va se faire offrir des bières pendant tout le trajet par un gars qui tient une mine et qui est là avec toute son équipe. Ambiance assurée ! Mais encore une fois, générosité gratuite des gens ! Le jet boat est impressionnant parce qu’il passe entre tous les rochers de la rivière comme dans un jeu vidéo et passe des cascades de façon impressionnante (je sais pas comment le jet boat marche mais c’est assez magique). On arrivera vivants le soir à Bartica où on ira vite se coucher.

Guyana : Les mines de Kurupung

À Olive Creek, on nous dit que ça risque d’être très cher d’aller jusqu’à Kurupung mais un bateau nous propose un lift jusqu’à Issanaru, un village amérindien le long du Mazaruni. On négocie mais il campe sur sa position et on se dit qu’on va la jouer « on attend qu’il parte et on verra » (il attendait un avion avec des clients).

Mais juste avant que l’avion arrive, un nouveau bateau arrive avec un Rasta Man et après avoir parlé un peu avec lui, il se rend compte qu’on vient de Belgique et nous offre alors directement le ride jusque Kurupung.

Il nous expliquera après que son boss est Belge et qu’il tient une mine d’or et de diamants. On va donc faire le trajet (45 min) posé sur notre bateau, dans une magnifique rivière parsemée de camps de mineurs sur le chemin.

Arrivé à Kurupung, un petit village qui a été prospère il y a quelque temps avec les mines, Wayne, le Rasta Man, va nous amener chez son boss qui va nous accueillir les bras ouverts. C’est un Flamand qui travaille pour une société qui exporte des diamants à Anvers et un peu d’or. C’est la première fois qu’il voit des Belges ici et il va donc nous accueillir comme des rois !

On aura droit à un petit cours sur les diamants et sur les armes aussi parce qu’ils doivent en porter une pour leur protection. On va y passer trois nuits, devenant experts sur les mines ! On ira deux jours dans les mines… Le premier, pour un peu regarder tout le processus, la vie dans les camps,… Et faire une petite séance de tir. Et le deuxième, pour faire un lavage, en gros récolter l’or et le diamant (cycle de 3-4 jours ici) .

Le processus pour faire une mine commence par chercher un endroit et quand on l’a trouvé, on coupe tous les arbres.

Le bois coupé devrait être utilisé, puisque de l’argent est versé par les mines à la Guyana pour ça, mais apparemment trop peu et donc rien n’est fait et l’argent finit dans la poche des dirigeants. Sylvester nous avouait que pour sa prochaine mine, il voudrait changer cette non gestion du bois (utiliser le bois coupé, reboucher les trous après et replanter). La deuxième étape consiste à creuser un gros trou, jusqu’à la couche intéressante.

Après avoir creusé, ils vont utiliser des jets d’eau puissants pour amener toute la matière qui sera sous forme de petits cailloux dans un grand aspirateur.

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Ce grand aspirateur va amener tout cet amas de cailloux dans une grosse boîte qui va d’abord trier l’or et ensuite essayer d’aspirer les diamants et rejetter tout le reste.

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Après ce premier cours sur les mines, on va aller se détendre un peu en tirant au pistolet dans la jungle.

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Bonne première expérience des mines, et on n’aurait pas pu avoir mieux parce que Sylvester est sans tabou et nous explique tout avec soin. Il est conscient des limites, essaye un peu de faire changer les choses mais ce n’est pas facile, surtout qu’ils sont une mine de moyenne échelle.

On achètera un petit apéro et un légume au prix cher des petits villages de mines mais on se fera offrir tout le reste par Sylvester.

Le lendemain, grand jour pour les mineurs et nous, celui de la wash. On va donc chercher tout l’or et tous les diamants récupérés dans la grande boîte. C’est aussi un jour important pour les mineurs parce qu’ils voyent ce qu’ils vont gagner et ils espèrent tous le jackpot. La première étape du lavage consiste à récupérer l’or qui s’est coincé dans une sorte de tapis. Pour faciliter sa récupération, du mercure est utilisé, qui sert à collapser toutes les petites pépites.

Dans cette mine-ci, les quantités d’or sont faibles par rapport aux diamants. Après l’or, on passe aux diamants. Ils vont trier tous les petits graviers et y récupérer, à la main, tous les diamants. Ils font ça dans de grandes grilles, qu’ils font tourner avec les diamants dessus pour essayer d’amener le plus de diamants au centre.

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Je passerai toute la wash à trouver des diamants dans ce tas de cailloux et à essayer de ne pas se faire avoir par les faux qui y ressemblent mais qui sont du cristal en fait. Les diamants sont assez vite reconnaissables par leur éclat brillant typique. Moi j’aimais bien les faux aussi et donc à la fin tout le monde me donnait des faux pour aller voir les filles à Lethem (leur passe temps favori).

Dernière étape, il faut peser et compter la récolte. Les mineurs se rassemblent alors autour du « boss man » et espèrent un maximum.

Parmi les mineurs, un des mineurs plus petit et appelé « Little Man » sortait un peu du lot et nous a pris à part Pierre et moi pour qu’on trouve notre diamant et qu’on le ramène !

Et voilà la journée se termine, avec un petit lift aux mineurs jusque Kurupung, où ils iront fêter la wash avec des bières et des filles. On les accompagnera pour une bière et une petite partie de billard, où ils sont plutôt balaises.

On reviendra après chez Sylvester, où on regardera un film, chose assez précieuse et Sylvester est un bon connaisseur. Il nous montrera aussi ses photos qu’il espère un jour pouvoir publier.

Pour résumer notre petite expérience miniale, je dirais : les conditions de travail (toujours dans l’eau, à porter des grosses pierres), de logement (tente précaire avec hamac), d’hygiène (pas de douches, joujou avec le mercure ) et le fait qu’ils soient payés au pourcentage, rend clairement le métier trash. Et comme ils sont au fin fond de la jungle, bouger de là n’est pas facile. Ils ne voient pas souvent leur famille, ils peuvent juste se réconforter dans la boisson ou les prostituées, ils n’ont aucun avenir,…

Apparemment, c’était une mine où ils sont encore bien traités et ils n’avaient pas l’air malheureux mais je crois qu’assez facilement, on pourrait améliorer leurs conditions de vie. Le respect de l’environnement est aussi lamentable, et je crois que ce serait assez facile de continuer les mines tout en ayant des plans de réaffectation du territoire, utiliser les arbres coupés,… Comme c’est le cas en Australie par exemple. L’état des routes, comme on le verra aussi plus tard, est aussi déplorable.

Sinon Sylvester était vraiment un bon gars, un peu artiste, il avait trouvé ce boulot en parlant à un mec dans le train,… Il voit les problèmes dans les mines, il essaye un peu d’améliorer la vie des mineurs, mais ça reste insuffisant et leur boîte a des problèmes pour faire des bénéfices, donc ça n’aide pas.

Guyana : Trajet Bartica-Olive Creek

On ne peut pas dire qu’on est fin prêts puisqu’on n’a pas préparé grand chose mais il est temps de partir et on a deux idées en tête : aller visiter les mines près du Mazaruni et puis faire le trek de Kaieteur Falls et essayer de rallier Oruinduik en passant par des villages amérindiens.

Direction donc vers Parika en minibus où on prendra un speedboat jusque Bartica. Le début du voyage en speedboat est épique puisqu’ils n’ont pas remonté les pneus qui servent de parre battage et le bateau va donc prendre l’eau et tremper plusieurs personnes. On a aussi juste derrière nous un gars qui picole à fond pour essayer d’être moins tétanisé. Au milieu du trajet, on aura la petite panne de moteur classique mais apparemment ils ont l’habitude parce que pas grand monde ne s’inquiète et le bateau finit par repartir.

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A Bartica, on va harceler tout le village pour connaître le meilleur moyen d’aller à Olive Creek. On apprend donc que le moyen le plus facile est un jet boat (cher:27000) qui ne passe pas le lendemain. Mais avec l’avis du capitaine et de toutes les autres personnes, on décide d’y aller par la route, route de mineurs et bien aventurière. Le capitaine, qui connaît bien la région, va même nous annoter toute la carte d’endroits « sympas » à visiter. Par après, certaines personnes nous diront qu’elles ont passé 10 jours sur cette route !

Le lendemain, on prend donc un bateau jusqu’à Itabali (1500), d’où on espère trouver des trucks jusque notre destination.

A Itabali, on trouve facilement un premier camion qui veut bien nous prendre pas trop cher (3000). Mais commençant à connaître un peu le pays, on continue à chercher et on trouve un autre qui peut nous prendre gratuit vers 13h et qui nous donne rendez-vous au poste de police à 2km.

On va donc l’attendre au poste de police, où on découvre l’amabilité des policiers guyanais, qui, tout en gardant leur côté disciplineux, vont arrêter tous les camions pour essayer de nous en trouver un, et vont nous offrir à manger, une bière,… On aura même droit aux films de Jackie Chang qu’ils regardent toute la journée.

Ils nous trouvent finalement un camion, mais au même moment, le camion qu’on attendait arrive et on prend celui-là parce qu’à la place d’être 20 dedans, on est tout seuls ! On a juste la compagnie de milliers de litres d’essence et d’une petite odeur sympa entre l’essence et les gaz d’échappement. En plus les gars seront vraiment sympas !

La route est en effet rough ! C’est des anciens camions de l’armée anglaise mais heureusement parce que les trous dans la route et la boue sont assez impressionnants. Le chemin s’enfoncera au fin fond de la jungle.

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On arrivera après près de 10h de camion à Puruni, le gros village au milieu des mines, rempli de fêtes et de filles pour les mineurs.

Le lendemain matin, départ tôt avec le même truck pour Olive Creek. La route est toujours pareille, voire pire !

Les premières vraies difficultés vont alors arriver surtout avec le deuxième camion de notre convoi (le nôtre est balaise !).

Mais on arrive toujours à passer, nos chauffeurs et les mécanos sont bien efficaces et les machines bien entretenues. Par contre, on va être coincés par le premier truck qu’on a failli prendre et qui s’est embourbé !

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La solidarité est donc de mise même si le chauffeur de l’autre camion ne se bouge pas beaucoup. On va d’abord essayer de le tirer à un camion, puis à deux.

Puis notre autre camion va réussir à passer en utilisant son treuil sur un arbre et va essayer de tirer l’autre camion en s’aidant du treuil mais rien n’y fait. Un dernier essai sera fait avec notre camion boosté mais il abandonnera finalement et prendra avec lui quelques mineurs du truck embourbé. On ne sait pas trop combien de temps il restera là mais il y a moyen que ce soit long !

Dans l’histoire, on va changer de camion et je perdrai ma veste dans le changement puisque le camion nous lâchera à deux heures de marche de Olive Creek et que l’autre n’a pas attendu.

On va alors marcher sur la route et découvrir pour la première fois vraiment les premiers animaux de Guyane. On aura droit à plusieurs oiseaux, des rapaces, des singes, un agouti, des traces de léopard, des beaux gros arbres,…

Finalement, on va arriver à ce fameux Olive Creek ! Mais nous qui croyions trouver un gros village avec des shops, ghesthouse,… on se retrouve face à une piste d’atterrissage, avec juste deux maisons habitées ! Échec ?

Par chance et comme on le verra plus tard, comme souvent en Guyana, les gens seront super accueillants, nous offriront à manger, on pourra mettre notre hamac,… On aura juste la malchance d’avoir l’accouchement de chiots pendant la nuit, qui feront beaucoup de bruit et qui feront peur à Pierre croyant qu’un troupeau de singes nous attaquait ! Jennifer, la cuisinière du camp, prendra soin de nous et le boss du camp ferait tout pour nous aider dans notre expédition.

Guyana : Georgetown

Avant de partir pour la Guyane, Marcis, le Sainte Lucien qui nous avait hébergés chez lui parce qu’il trouvait trop dangereux que l’on dorme sur la plage vient nous faire un petit au revoir. C’était chouette de le revoir et au final, il nous prenait vraiment pour des fous, surtout d’avoir traversé la jungle et de continuer en Guyana !

On prend donc l’avion et on se retrouve dans un gros avion de British Airlines qui, après une étape à Trinidad, fait la Transat. On va directement lancer un film comme des gosses, ça nous manquait ! Et on hésite même à rester à bord après, histoire de le finir.

On arrive tranquille à Trinidad où on se fera un petit burger dans le fast-food de l’aéroport en attendant notre correspondance.

Mais en réenregistrant nos bagages, Carabian Airlines, pour ne pas la citer, ne veut pas nous laisser rentrer dans l’avion car on n’a pas de billets retour. On négocie tout ce qu’on peut mais rien n’y fait, ils ne veulent pas prendre le risque de devoir payer un billet retour si jamais on n’est pas acceptés à l’immigration en Guyana. Un ultimatum tombe, si on n’a pas un billet d’avion dans les 4 minutes, l’avion part sans nous. Heureusement, armé du WiFi et ayant déjà entendu ce genre de problèmes, je trouve vite fait un site pour faire un faux ticket. Mais malheureusement, le ticket arrive dans les 48h. Donc ça passera dans un premier temps (c’était n’importe quoi, je montrais juste ma confirmation de commande) mais ils étaient coriaces et donc Pierre dans ce laps de temps avait fait un faux sur un autre site. Au final, avec nos deux faux billets (j’ai dû en modifier encore un dans l’avion, on arrive à rentrer dans l’avion et arriver en Guyana (j’ai dû montrer mon faux à la douane et ça, c’est un peu stressant).

Dans l’avion, on se retrouve à coté du seul Blanc, qui se trouve être un Français parti travailler en Guyana et qui habite à l’ambassade de France. On fait connaissance, on prendra le taxi avec lui et il nous invitera par après à venir passer le nouvel an chez eux. En arrivant à Georgetown, notre premier contact est le fait qu’on a notre airbnb au-dessus d’un bordel ! Ça fait bien rire le Français mais, au final, on y sera très bien et les proprios seront très sympas.

Les journées (5 nuits) à Georgetown seront plus en mode préparation et nouvel an.

On a visité Georgetown mais le tour est vite fait : il y a de jolies maisons coloniales mais mélangées entre des maisons pas très belles (les photos ne sont donc pas représentatives, la ville est assez moche et peu accueillante et parsemée de klaxons dans tous les sens). On achètera ce qui nous manque, dont un hamac et une corde, bien lourds, pas du tout optimisés pour notre sac mais c’est un indispensable apparemment. Les oiseaux et les poissons sont déjà un peu bizarres. On nous dit que la ville est dangereuse mais on ne trouve pas, au contraire, les gens ne nous interpellent pas et nous aident bien volontiers sans rien vouloir en échange. Sinon on passera un petit nouvel an festif au consulat, où on testera le rhum Guyanen, moins cher que la bière. On aura un Allemand et une Américaine dans notre airbnb, bien sympathiques même si l’Allemand n’osait pas sortir quand le soleil était couché.

Sainte Lucie : deuxième partie

Arrivés à Soufriere, on cherche une guesthouse et on va rapidement s’en faire conseiller une pas chère. On comprendra vite pourquoi, pas mal de moustiques, cafards, pas très propre, le rêve ! Mais pas cher et ça nous permet de poser notre sac. La vue est, par ailleurs, pas mal sur notre petite terrasse ! Le lendemain, gros programme : on va d’abord visiter le volcan de l’île, en évitant de prendre le bain de boue car c’est noir de monde. On va ensuite faire notre picnic sous une petite cascade. Je passerai l’après-midi à grimper le petit piton, un reste de volcan de l’île, qui est mythique dans le coin. Fort pentu et avec deux trois passages d’escalade avec cordes pas très fiables, c’est une belle petite ascension et Pierre ne m’accompagne pas car il a sa tendinite qui revient un peu. Les vues sur l’île sont plutôt pas mal et aussi sur le gros piton.

Je rentrerai juste pour l’heure de l’apéro qu’on passera tranquillement sur la plage. Le lendemain, journée plage de rêve des Caraïbes ! Parce qu’on ne sait pas trop si on est blasés mais on ne trouve pas les plages qu’on voit aussi paradisiaques que les photos de carte postale qu’on a en tête. Mais ici on va trouver cette plage mythique, qui fait partie d’un gros resort de l’île. Chilling et snorkeling au programme avec plein de petits poissons de toutes les couleurs mais pas de barrières de corail. Après cette petite pause, on décide de traverser l’île le lendemain d’ouest en est à travers la jungle. Et au niveau où l’île est la plus large. Certains nous disent de faire attention aux serpents, d’autre moins mais on y va quand même. La jungle s’appelle la rainforest ici et on le comprend bien parce qu’ il va pas mal pleuvoir et comme la forêt est dense, elle ne sèche pas avec le soleil. On trouvera un petit pamplemousse miraculeux qui nous fera beaucoup de bien ! Je pourrai utiliser pour la première fois mes techniques de grimpe sur corde apprises en primaire, sur une liane, mais Pierre sera moins compétent que moi !

Au milieu de la forêt, notre carte était un peu vague et on prendra donc un chemin beaucoup plus petit et moins fréquenté, en faisant parfois beaucoup de bruit pour effrayer les serpents ! On cherchera les oiseaux et les animaux mais on ne verra pas grand chose… On entendra par contre les perroquets endémiques de l’île. Arrivés de l’autre côté, après environ 4h de marche dans la forêt, on arrive dans une grande plantation où on se fera un deuxième pamplemousse et on essayera un nouveau fruit. On apprendra par la suite que c’est du cacao et qu’il faut faire sécher les fèves,… On va remarquer qu’on est en fait encore assez loin de la ville qu’on veut atteindre (Micoud). On va donc commencer à marcher mais un pick-up va rapidement s’arrêter et nous prendre en chemin. On passera la nuit sur la plage, après avoir galèré pour y accéder et on regrettera quelques fois l’hébergement que nous avait proposé la dame du pick-up. Le lendemain, petite journée chill pour préparer Noël ! On va donc faire les courses et on décide de cacher nos sacs dans les fourrés pour éviter de les porter. On prendra déjà notre dessert de Noël un peu prématurément. De retour à notre campement, classique, on ne retrouve plus nos sacs. Mais après quelques tergiversations, ils n’auront bel et bien pas bougé. Petite nage pas évidente entre les rochers et les grosses vagues avant de commencer notre grand feu et repas de Noël ! Le lendemain, nouveau départ à pied vers le Sud. On aura quelques embûches : chemin inexistant, rivière à passer, test de la paille magique pour boire de l’eau dans une rivière pas au top,… On notera que pour éviter trop d’efforts sur le genou de Pierre, je porte pas mal en plus et ça se voit même sur les traces ! La côte Est est très sauvage et est alimentée en permanence par les fameux alizés. Ça se voit très bien sur les arbres qui sont profilés pour survivre au mieux à ces vents ! On arrive sur une nouvelle belle plage où on compte camper après avoir nagé dans les gros rouleaux de surfeurs (nager est un grand mot, on luttait plutôt !). Mais on va rencontrer un local qui va nous offrir une noix de coco et qui va s’effrayer de tout ce qu’on va lui raconter de notre périple. Traverser la jungle, vous êtes fous, dormir sur la plage, vous êtes fous… Il va alors nous inviter à dormir chez lui et à tester son vin local. On va passer une chouette soirée, dans une maison bien rustique, à échanger sur pas mal de points. Et le lendemain, après lui avoir acheté une bouteille de vin, il va nous aider à trouver un hébergement et nous emmener en haut de la montagne du coin, le plus au Sud de l’île, où on a la vue sur l’Atlantique et la mer des Caraïbes. On va aussi le faire monter sur la petite cabine électrique du pic, pour qu’il nous prenne encore une fois pour des fous ! Les trois derniers jours, on va les passer en mode chill dans un petit cabanon au bord de la plage, pas abrité du vent, avec le toit qui s’envole presque, un peu de pluie à l’intérieur, pas d’eau courante mais un robinet d’eau de pluie, quelques cafards chez Pierre mais deux chambres et une cuisine avec salon, donc juste parfait pour nous détendre un peu et préparer la suite du voyage. On va aussi se faire des repas un peu plus élaborés. Pierre aura quand même droit à une petite bataille avec deux cafards dans sa chambre, pendant bien une petite demi heure ! Sainte Lucie, c’est terminé, vol le 29 pour la Guyane !

Sainte Lucie : Première partie

Arrivée en fanfare à Sainte Lucie, accueillis par les locaux qui nous remorquent (puisqu’on n’a plus d’essence) et qui nous mettent directement dans l’ambiance locale ! L’arrivée sur terre se fait par un accueil chaleureux : applaudissements par les bateaux déjà arrivés, félicitations de la part des gens de l’ARC qu’on avait rencontrés et rhum et musique locale offerts par Sainte Lucie. On a aussi un accueil spécifique par Mischief, notre adversaire, qui a bien gagné la bataille ! On se remet vite de nos émotions et direction un restaurant pour manger un bon repas avec des aliments frais, toujours sous cet instrument bizarre local. Première soirée bien méritée, on finira même par essayer de réveiller Mischief, notre voisin, pour terminer la soirée avec eux mais sans succès, à part se faire remballer. Le lendemain matin, petit brunch dans la marina et on rangera un peu le bateau, sous les ordres des deux autres, qu’on commence à ne plus supporter. Décision est prise qu’on quitte le navire le lendemain, on a besoin de changer d’air ! Le soir, on a une soirée avec L’ARC dans le petit village de pêche de Hanse la Raye. On part sur un gros catamaran, en mode gros touristes. Mais arrivés là-bas, c’est une grosse fête locale qu’on partagera en dansant avec eux sous les sons de gros concerts, de cracheurs de feu, de danses en tout genre ! Clairement, notre meilleure soirée de L’ARC et avec beaucoup de contacts avec les locaux. Le lendemain, jour de liberté, après s’être fait réveiller tôt par les bruits de rangement des deux autres zigotos qu’on avait apparemment réveillés en rentrant la veille. On part donc dans l’après-midi pour un petit hôtel, plutôt luxueux pour nos standards, mais parfait pour décompresser et pas trop cher. On restera là trois nuits et on préparera le reste de notre périple. On aura aussi la soirée de remise de prix de l’ARC qui sera assez mémorable, avec un petit clash impulsif de Steve qui montrera que, clairement, ils ont un petit problème :). Cette soirée est la fin de notre aventure atlantique et Pierre et moi prenons nos billets pour la Guyane le 29 décembre. On a donc deux semaines pour visiter l’île. On va commencer par abandonner Duccio en visitant Castries, la capitale, qui est un peu trop ville à notre goût. On fera ensuite avec Pierre un petit trek de remise en forme dans le nord de l’île avec deux nuits sous tente. On traversera l’île (qui est étroite au nord) et on aura nos premières introductions à la petite jungle et aux petits villages de pêcheurs. On posera nos tentes face à la mer et donc pas fort protégés par le vent des Alizés ! En repliant ma tente le lendemain, je devrai courir après sur cent mètres pour la rattraper, heureusement que le champ était grand ! Le lendemain, on continuera notre trek sur de grandes plages, assez belles, remplies de cocotiers et parfois même de vaches mais très polluées par les plastiques et énormément de tongs et semelles. On ira nager sur une petite plage moins polluée, où je me ferai écraser par les vagues sur les rochers (erreur de débutant) et Pierre se fera charger par une vache ! Des locaux nous offriront notre première noix de coco, dont on ne boit que le jus ici. On continuera notre périple et on arrivera sur une plage plus civilisée de kite, où on se fera offrir une bière par Petra, une amie qu’on s’est fait sur L’ARC. La journée se termine et en cherchant un endroit pour poser notre tente, je vois au loin un bateau échoué sur la côte, toutes voiles dehors. Ni une ni deux, on va enquêter et on trouve un bateau avec encore tout dedans mais plus personne à bord ! Je vais donc le vider de tout ce qui a de la valeur et qui pourrait nous permettre d’identifier les propriétaires et on va appeler la police qui nous dira que l’accident avait été signalé et qu’en tout cas, un des deux gars avait pu nager jusqu’à la côte. Le deuxième, on n’en saura trop rien. Pierre, en appelant les secours, perdra tout son sang-froid et dira qu’on est le matin et au Cap Vert ! On rendra tous les effets personnels à la police (en espérant qu’ils ne les voleront pas) et ils nous proposent un lift pour revenir à nos tentes. Ils vont alors s’aventurer dans des minis chemins avec le 4×4 avant de faire heureusement demi-tour et de nous laisser continuer à pied. Il y en avait un qui criait le chemin avec sa grosse calache, une autre qui se marrait et le conducteur qui se prenait des énormes trous. Moment assez typique et marrant. On finira autour d’un petit feu à faire notre popote. Le lendemain, on rejoindra Soufrière à l’Est de l’île, à l’aide d’un minibus (où on sera seuls tout le voyage) et dont le conducteur nous donnera plein de conseils. On passera d’abord par Castries où on ira manger pour la deuxième fois chez super sexy, quasi gratuit, plein de locaux et bon ! Soufrière sera la deuxième étape de notre voyage à Sainte Lucie.

Transatlantique J24

Terre en vue ? Oh que non ! Toujours pas de vent, toujours pas de vitesse et pas dans la bonne direction ! Tout ça sans pilote automatique et même sans instruments tout court ! Un peu dur pour le moral, si près du but ! Mais bon pas le choix, on n’a toujours pas de diesel !
Ça permettra à Pierre d’un peu apprendre à barrer… Moi, je vais mettre un peu en ordre mon log book et ce sera même atelier couture avec Duccio ce soir pour être prêts à arriver sur terre !

Cette nuit, on se bat toujours avec le vent et on voit pas mal de bateaux autour de nous qui ont la chance de pouvoir être au moteur. On voit à l’horizon les premières lumières de Sainte Lucie et des Galapagos. On espère un jour y arriver, sans trop y croire 🙂